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Après leurs erreurs de 2016 et 2020, faut-il encore croire les sondages américains?
26/10/2024 - 13:24
AFPLes sondages américains n'ont pas anticipé la victoire de Donald Trump en 2016 et ont surestimé la marge avec laquelle Joe Biden l'a emporté en 2020. Ont-ils suffisamment appris de leurs erreurs pour être plus précis cette année?
Les enquêtes d'opinion donnent pour l'instant Kamala Harris et Donald Trump au coude-à-coude. Mais s'ils sous-estiment, une fois de plus, le vote en faveur du républicain, ce dernier pourrait bien prendre l'avantage.
Le coeur du problème n'a pas changé depuis l'arrivée fracassante de Donald Trump sur la scène politique américaine: une frange de son électorat refuse de participer aux enquêtes d'opinions.
Et pour faire face à cette difficulté, "nous n'avons pas trouvé de formule magique", résume Courtney Kennedy, responsable de la méthodologie au très reconnu Pew Research Center.
En attendant, pour corriger le tir, chaque sondeur choisit ses méthodes.
En 2020, beaucoup d'électeurs appelés pour participer à un sondage "nous criaient +Trump!+ et raccrochaient", sans être pris en compte, raconte Don Levy, directeur de l'institut de recherches de l'Université Siena, qui publie avec le New York Times des enquêtes très suivies.
Pour essayer de mieux prendre en compte ces électeurs conservateurs méfiants vis-à-vis des institutions, Siena prend désormais en compte ces sondés qui raccrochent, même s'ils ne répondent pas aux autres questions.
Et Siena rappelle plusieurs fois les gens qui ne décrochent pas, plutôt que de tenter un autre numéro de téléphone, afin d'atteindre "plus d'électeurs potentiels de Trump", explique Don Levy à l'AFP.
Le Pew Research Center propose lui aux sondés de répondre par internet ou téléphone, pour mieux toucher les jeunes pour le premier cas, les plus âgés et conservateurs dans le second.
Compenser les failles
Une fois les réponses collectées, les sondeurs peuvent utiliser une technique, le redressement. Si un groupe de la population générale n'est pas assez représenté dans le panel de répondants -- par exemple, des républicains de zone rurale --, redresser ce groupe revient à lui donner un poids plus grand dans le résultat final afin de compenser les failles dans la constitution de l'échantillon.
Don Levy explique que son sondage New York Times/Siena est ainsi redressé avec comme point de référence une estimation de ce que sera l'électorat en 2024, estimation elle-même fondée sur les élections précédentes.
"Ca semble une super idée mais ça ne va pas vraiment marcher, parce que ça revient à estimer que les électeurs de 2024 vont ressembler à ceux de 2020", prévient Joshua Clinton, professeur de sciences politiques à l'Université Vanderbilt et spécialiste des sondages. Et ce ne sera pas le cas selon lui.
Siena utilise en réalité de nombreuses variables, dont l'origine ethnique, l'âge et la probabilité d'aller voter. Mais ce désaccord illustre les divergences entre sondeurs sur la marche à suivre.
Electeur "discret"
Joshua Clinton alerte sur un autre risque. "Si on regarde 2016 et 2020, on est tenté de conclure que les sondages sous-estiment toujours les républicains", dit-il, "mais ce n'est pas vrai."
Il rappelle qu'aux élections de mi-mandat, en 2022, "dans l'Etat clé du Michigan, les sondages ont sous-estimé (le vote) démocrate". "Donc, qui peut savoir ce qu'il va se passer en 2024?"
Don Levy, de l'Université Siena, soulève également la possibilité d'un phénomène d'un "électeur discret de Harris", quelqu'un entouré de républicains qui ne voudrait pas dire à ses proches -- et aux sondeurs -- qu'il vote pour la démocrate.
Une sous-estimation démocrate cette année, Courtney Kennedy n'y croit elle pas beaucoup. "J'ai vu assez de données pour conclure" qu'avant tout, "c'est très dur d'avoir assez de soutien de Trump dans les enquêtes d'opinion", dit la spécialiste.
De toute façon, reprend Joshua Clinton, la course à la Maison Blanche est aujourd'hui tellement serrée que "c'est impossible d'utiliser un sondage pour départager" les deux candidats.
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