Société
Les toilettes publiques à Casablanca, un handicap de tous les jours...
06/01/2022 - 07:00
Aïcha DebouzaTrouver où uriner à Casablanca peut paraître compliqué. A défaut de pouvoir se retenir pour se précipiter dans l’un des cafés casaouis et afin d’éviter d’uriner au coin d’une rue ou entre deux voitures, il serait plus pratique que les habitants de la métropole puisse trouver des toilettes à la portée de tout le monde. "Trouvez-vous normal qu’à chaque besoin pressant, nous soyons obligés de nous attabler et de consommer dans un café? Trouvez-vous normal que dans une ville de taille comme Casablanca, ce service soit totalement absent?", s’exprime Armand sur le groupe Facebook «Save Casa».
Et des post du même genre sur le réseau social, il y’en a beaucoup. Car pour les Casablancais, la métropole agonise, et négliger la propreté de ses ruelles se veut de la laisser mourir à petit feu. "C’est devenu presque impossible de passer près d’un mur d’école, d’hôpital, d’immeuble, etc. sans sentir l’odeur d’urine ou de devoir croiser une personne qui fait ses besoins en plein public. C’est simplement répugnant", raconte, dans un commentaire sur le même groupe, Wafaa.
Un projet mis en suspens
Face à ces plaintes que reçoit la Ville constamment et depuis des années durant, la Commune urbaine de Casablanca avait consacré une enveloppe budgétaire de 3,5 millions de dirhams pour réhabiliter 14 toilettes publiques abandonnées dans l’ancienne Médina. Ce qui revient à 250.000 dirhams pour chaque vespasienne. Le Conseil de la ville avait même, bien avant, confié à la SDL Casa Aménagement la mission de construire 100 unités, à nettoyage automatique. Ce marché avait fait polémique en raison de son coût, jugé exorbitant, nécessitant un investissement de 60 millions de dirhams, soit 600.000 dirhams l’unité.
"Nous avons dû arrêter ce projet après que les Casablancais aient exprimé leur mécontentement quant au prix des toilettes publiques ou encore leur état, qu’ils jugent inapproprié pour l’hygiène de tout un chacun", fait savoir Karim Glaibi, vice-président de l’arrondissement d’Aïn Sebaa, en charge des affaires sociales et de la famille. D’après lui, le projet avait changé. Ce sont au final 128 unités qui devaient être aménagées sur les 16 arrondissements de la ville blanche. "Chaque arrondissement devait bénéficier de huit unités dont chacune disposant de deux toilettes pour femmes et deux pour hommes, ainsi qu’une pour les personnes à mobilité réduite."
Le membre du Conseil de la ville souligne que le tout coûtait un budget d’environ 16 MDH, soit un montant bien plus bas que celui annoncé en 2018 pour l’acquisition d’une centaine de toilettes publiques à nettoyage automatique (600.000 DH l’unité). Mais en réalité, ce ne sont que quelques-unes qui ont pu être réalisées. Karim Glaibi note qu’avec le changement de mandat, le nouveau Conseil "a mis en suspens ledit projet, en attendant d’y voir plus claire". Mais il a tout de même confié à Casa Baïa, la mission d’entretenir les 14 toilettes publiques déjà existantes.
Des sites sur Casablanca, mais pas tous
En effet, l’entreprise sera également tenue de réparer, d’entretenir ces installations et de fournir des conditions de protection et de sécurité ainsi que des fournitures nécessaires à l’hygiène, telles que du savon, du papier hygiénique, etc. En revanche, ces vespasiennes seront composées d’une cabine pour une personne avec un mur d’urinoirs extérieurs de deux places, et d’une autre de trois places, conforme aux normes d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. "Nous entretenons ces toilettes publiques depuis juin 2021. Nous avions fait un appel d’offre, que nous relançons d’ailleurs, relatif à la gestion, l’entretien et la maintenance des toilettes publiques", explique Amal Kouraa, directrice de la BU cadre de vie et environnement à Casablanca Baïa.
Avec un budget d’environ 4 millions de dirhams, la SDL va confier la gestion de ces quelques blocs sanitaires répartis sur plusieurs sites de la ville blanche. "Nos prestations concernent notamment les sanisettes de la Corniche, de la promenade de la mosquée Hassan II, du parc de la ligue Arabe, de la Place Mohammed V et du parc urbain du Vélodrome", détaille Amal Kouraa. Elle ajoute que l’accès sera gratuit pour les usagers et que les produits consommables tels que le savon, ou papier hygiénique, seront à leur disposition. Mais il y aura quand même des horaires d’ouverture qui varient de 8h à 19h ou 21h, en fonction de la saison.
Mais ces quelques initiatives sont-elles suffisantes pour rendre à la ville blanche, sa vraie couleur? Si certains préfèrent l’épanchement sauvage dans les rues de Casablanca, est-ce parce qu’ils n’ont pas d’autre choix, ou est-ce un problème de mentalité? "Même après l’installation de toilettes publiques, les maintenir en bon état est presque impossible. Une grande partie de gens manque de sens civique. Les choses ne pourront pas s’améliorer sans avoir amélioré les mentalités et les conditions d’hygiène de la ville dans un temps pareil car après tout, la responsabilité est partagée entre la Ville et ses habitants", affirme Amal, sur le groupe «Save Casa».
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