Alzheimer: une Maison Solidarité bientôt à Casablanca

L’Alzheimer est une maladie lourde qui détruit progressivement la mémoire et les facultés cognitives. Petit à petit, les malades oublient et rencontrent des difficultés à accomplir des tâches simples. À part son impact direct sur le malade, l’Alzheimer bouleverse la vie quotidienne de ses proches qui se consacrent à sa prise en charge.

Consciente de la lourdeur de cette mission, la Maison solidarité Alzheimer ouvrira ses portes prochainement, dans la préfecture de Ben Msik, à Casablanca.

Pour Ghita Mouttaqui Allah, fondatrice et vice-présidente de cette association, cette maison cherche à soulager la souffrance quotidienne des patients et de leurs proches. "L’association a pour but d’accompagner, soulager, informer et soutenir les malades et leurs familles. Nos services sont destinés aux malades qui ont jusqu’à 40% de leurs facultés cognitives. On ne peut pas accueillir les personnes qui sont dans des stades avancés parce qu’il ne s’agit pas d’un centre médical".

Après avoir effectué le test, le malade a accès à des consultations neurologiques, gériatriques et psychologiques. "Si le patient a besoin d’un bilan complémentaire, une assistance sociale l’accompagne pour toutes les démarches", précise la fondatrice qui rappelle que le médicament de l’Alzheimer coûte entre 200 dirhams (générique) et 500 dirhams (plaquette). "Le traitement de l’Alzheimer coûte en moyenne 1.000 dirhams par mois sans parler des autres besoins du patient notamment en couches, nourriture et hygiène", rappelle-t-elle.

D’ailleurs, des médecins bénévoles se sont proposés pour effectuer des visites médicales une fois par semaine.  "Des médecins gynécologues, gastrologues et orthophonistes viendront, une fois par semaine, au centre pour consulter gracieusement nos patients et suivre leur état de santé", explique Ghita Mouttaqui Allah qui porte également la casquette de présidente du Rotary Club Casablanca La Sqala.
A part le volet médical, le centre prévoit également des activités pour les patients, notamment des séances de musicothérapie, d’Art thérapie et de gymnastique.

Les aidants, au cœur des priorités

Consciente du rôle important de la famille du patient, la Maison Solidarité Alzheimer accompagne les aidants en les écoutant et leur dispensant des formations. "Les proches sacrifient leur vie pour prendre en charge la personne atteinte d’Alzheimer. A part la lourdeur de la maladie, les familles font face au regard et à l’incompréhension de la société. Pour cela, nous proposons plusieurs formations pour lutter contre l’isolement social. Nous avons également créé, pour la première fois au Maroc, des groupes de paroles pour permettre aux familles de s’exprimer, d’échanger et d’apprendre à gérer le quotidien du malade".

Ce n’est pas tout, le centre propose un accompagnement aux aidants pour évaluer leur degré psychologique afin de leur offrir des activités adaptées.

Mieux encore, les aidants vont bénéficier d’une formation de 10 séances de premiers secours dispensés par le Croissant rouge et une autre formation liée à l’hygiène du patient. "Le malade d’Alzheimer perd la notion du risque, il peut se brûler ou se blesser sans s’en rendre compte. Pour le prendre en charge, nous offrons aux aidants des formations sur les gestes de secours pour intervenir et le prendre en charge rapidement. La formation d’hygiène peut paraître banale mais elle est d’une grande importance vu que le malade devient très sensible. On apprend également aux aidants à avoir les bonnes paroles pour bien communiquer avec le patient", indique la présidente.

Quid du financement?

Pour Ghita Mouttaqui Allah, ce centre n’aurait jamais pu voir le jour sans l’aide des bénévoles. "Pour pouvoir réaliser ce projet qui nous tient à cœur, nous avons été soutenus par le gouverneur de la préfecture de Benmsik qui a cru en nous et qui nous a donnés un local qui appartient à l’INDH. Nous avons également collecté des fonds grâce à la Rotary club La Sqala. En plus de l’appui des bienfaiteurs et des donateurs".

Ce centre de 400 m2 accueille 95% des personnes bénévoles qui viennent offrir leur service durant une demi-journée selon un programme bien établi. "Nous allons accueillir les patients de BenMsik, Hay Moulay Rachid et Sidi Othmane. Ce sont principalement des personnes issues de milieux défavorisés", précise la fondatrice avant d’ajouter: "les personnes issues de milieux aisés vont payer un tarif forfaitaire que nous sommes en train de définir", explique Ghita Mouttaqui Allah.

Le centre qui ouvrira ses portes dans les jours à venir accueillera 20 personnes par jour. "Pour respecter les mesures barrières, nous allons accueillir 10 personnes le matin et 10 l’après-midi. Cette capacité augmentera bien évidement dès la fin de la pandémie", conclut la fondatrice qui souhaite créer d’autres centres à travers le Maroc pour venir en aide aux malades et à leurs familles.