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Nesryne El Chad revient sur l'épopée de la CAN, son transfert vers Lille et son attachement au Maroc
01/08/2022 - 16:13
Nassim El KerfLe 5 juillet dernier, Nesryne El Chad coupe un centre de sa capitaine Ghizlane Chebbak, et donne l'avantage au Maroc lors du match contre l'Ouganda (3-1), comptant pour la 2e journée de la Coupe d'Afrique des Nations féminine 2022 (CAN). Un but qui va libérer les siens, et permettre aux Lionnes de quasiment valider leur ticket pour le deuxième tour.
A 19 ans et 114 jours, elle deviendra ainsi la plus jeune joueuse marocaine à marquer un but lors d'une CAN et ne s'arrêtera pas là. Ce but donnera des ailes à la jeune joueuse originaire de Meknès mais née à Saint-Etienne, qui enchaînera les bonnes performances en défense avant même de marquer un penalty décisif, dans le plus grand calme lors de la séance de tirs aux buts contre le Nigéria en demi-finale et bien inspirer ses coéquipières pour finir le travail.
Calme, très sereine et faisant preuve d'un état d'esprit exemplaire Nesryne réussira à faire l'unanimité auprès du public marocain. Ses interventions et sa qualité balle aux pieds au moment de sortir le ballon ont permis aux Lionnes de mieux déployer leur jeu durant la compétition. Lors de cette interview avec SNRTNews, la désormais nouvelle joueuse du LOSC (Lille ndlr) revient sur l'épopée des Lionnes, ses ambitions et ses choix de carrière.
SNRTNews: Avant de parler de la CAN, nous aimerions revenir un peu sur votre carrière et votre récent choix de transfert vers le Lille (LOSC ndlr). Vous être pourtant formée à Saint-Etienne... Pourquoi ce choix d’accepter de jouer à un niveau inférieur que la première division ?
J’ai été formée par ce club que je ne remercierais jamais assez puisqu’il m’a permis de jouer en première division, mais si on regarde bien je n’ai pu faire que 8 entrées et deux matchs complets la saison dernière qui était assez compliquée pour moi. Sachant que ce n’est pas un club qui fait forcément confiance aux jeunes (…) le transfert vers Lille s’est fait naturellement, le feeling est bien passé quand j’ai eu la coach au téléphone et j’ai directement adhéré au projet. C’est un club qui vise la montée et on va travailler pour.
Vous avez déjà pensé à faire un autre métier ? Ou est-ce que le football a été votre unique rêve et passion ?
J’y ai forcément pensé oui. Parce que quand tu commences le football féminin, tu dois garder la tête froide en te disant que ça ne va peut-être pas marcher ou que tu vas peut-être te blesser. Il faut avoir un deuxième plan, et moi personnellement j’ai toujours voulu devenir kiné et je compte toujours d’ailleurs obtenir mes diplômes en kinésithérapie.
Que fait Nesryne lors des moments de doutes ? Vous avez déjà douté au point de vouloir jeter l’éponge ?
Je ne pense pas avoir douté au point de vouloir jeter l’éponge non, jamais. D’ailleurs ce mot «abandonner» n’existe pas dans mon vocabulaire, mais pendant un match si j’ai des doutes je me dis que nous sommes 11 et que si ça se trouve, les filles doutent aussi, donc je fais de mon mieux pour ne pas le montrer et garder ma «zen attitude». Je veux qu’elles me fassent confiance à ce niveau-là, donc en cas de doute je me réfère à mes coéquipières autour et je ne laisse pas de place aux doutes.
Vous avez grandi dans une ville et une région où les Lyonnaises rivales ont tout raflé, ça vous a motivé à vouloir jouer au plus haut niveau ?
En tant que stéphanoise de naissance, on a toujours envie de gagner le derby contre Lyon, même si les dernières années étaient compliquées et nous avons gagné qu’un seul ou deux derbys (…) C’est sûr que quand tu vois ce que les Lyonnaises ont fait, tu as envie de dépasser et d’élever ton niveau.
Comment vous avez vécu votre toute première convocation en équipe nationale des moins de 17 ans ? Quelle réaction des parents ?
Ma première convocation était un peu compliquée parce que je suis arrivée blessée. Mais j’étais très (très) fière d’être convoquée en équipe nationale, évidemment la réaction des parents était euphorique avec beaucoup de joie et de fierté, mais on a gardé la tête froide en nous disons que désormais faut enchaîner les convocations et confirmer.
Nesryne est très attachée à Meknès sa ville d’origine, comment était son retour aux sources après la CAN ?
Mon attachement à ma ville d’origine est unique. Cela fait 17 ans que j’y vais tous les étés, donc c’est une ville que je porte dans mon cœur tout comme Saint-Etienne d’ailleurs et le retour à Meknès après la CAN était super. Les gens m’ont reconnu, m’ont félicité et m’ont remercié pour la joie qu’on leur a apporté durant la compétition, et c’est ce qu’on voulait avec les filles lors de cette compétition, c’est apporter de la joie et de la fierté aux Marocains.
Vous avez été l’une des joueuses les plus en vue de la compétition, comment vous avez géré la pression ?
Durant la compétition, nous étions dans notre bulle et je n’ai pas forcément réalisé que les regards se tournaient vers moi au fil des matchs. Pour ce qui est de la pression, je préfère positiver. Pour moi, cette pression n’a jamais été négative.
L’entente faisait plaisir à voir entre joueuses locales, et joueuses qui évoluent à l’étranger malgré la barrière de la langue dans certains cas. Comment expliquer cet état d’esprit des Lionnes ?
Dans notre groupe, on ne réfléchit pas comme ça. Il n’y a pas de binationales ou locales, nous sommes toutes marocaines, peu importe la langue. Le fait qu’on s’entende bien et la positivité du climat de groupe nous a beaucoup aidé durant la compétition, c’est une fierté de pouvoir porter ce maillot et toutes les filles s’en rendent compte.
Nesryne ou « Madame Grinta » pour certains qui vous ont découvert lors de cette compétition. D’où est-ce que vous tenez cette rage de vaincre qui semble être au-dessus de la moyenne ?
C’est forcément héréditaire (rires). Plus sérieusement, je ne sais pas j’ai juste toujours été comme ça. Parfois ça nous joue des tours, il faut savoir la gérer pour en tirer le meilleur.
Le plus beau moment de cette CAN ? Si vous devez en choisir un seul (ou deux, parce qu’il y’a votre but contre l’Ouganda).
Si je devais choisir deux moments, je dirais la qualification pour la Coupe du Monde qui est le fruit de notre travail et qui était un grand moment d’émotion et notre victoire contre le Nigeria qui restera un de nos matchs références (…) Mon but viendra en 3e position de ce classement, même si c’était génial de vivre ce moment avec les supporters marocains.
A 19 ans, vous comptez déjà plusieurs matchs avec l’équipe nationale A. Certains voient en Nesryne la prochaine vraie leader de la génération des U17 qui s’est aussi qualifiée en Coupe du Monde. Que pensez-vous de ce statut ?
Je n’ai aucun problème à assumer ce statut. Malgré mes 19 ans, j’ai toujours été plus mature que la moyenne, j’ai le leadership dans le sang et je n’ai jamais hésité à prendre les devants. Chez les jeunes, j’ai toujours été capitaine, cela coule de source donc ce statut ne m’inquiète pas au contraire, on va juste continuer à travailler et tout faire pour être à la hauteur des attentes.
Un mot pour la fin. Et c’est quoi le rêve le plus fou de Nesryne El Chad 19 ans, qualifiée au Mondial et déjà vice-championne d’Afrique ?
Mon rêve le plus fou ? Autant rêver grand (…) un doublé Coupe d’Afrique-Coupe du Monde avec les Lionnes serait magnifique, c’est la magie de ce sport.
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