Le doomscrolling : vers une overdose d'info

Smartphone en main, à table, dans les transports, avant de se coucher, ce petit appareil ne vous quitte plus. Les yeux rivés sur l’écran en permanence, votre doigt agile qui fait défiler sans cesse le fil d’actualité des différents réseaux sociaux, les nouvelles moroses s’enchaînent sans discontinuer. Le tourbillon de junk news vous emporte sans que vous vous en rendiez compte. Vous continuez de scroller, encore et encore, jusqu'à ... l’overdose. Cette désagréable sensation porte un nom, il s’agit du doomscrolling.

Doomscrolling est un mot-valise formé à partir de « doom » qui signifie mort inéluctable ou chute, et de « scrolling » qui désigne le fait de faire défiler le contenu sur l’écran. Également connu sous le nom « doomsurfing », le doomscrolling qualifie l’habitude de consulter infiniment le fil d’actualité des réseaux sociaux. D'après le magazine américain Fast Company, ce nouveau terme a été mentionné pour la première fois en 2018 sur le réseau à l’oiseau bleu, Twitter.

Une pratique dopée par la pandémie

Dans un contexte de pandémie mondiale, le doomscrolling est plus que jamais sur le devant de la scène. « Le nombre de contaminations monte en flèche », « le monde franchi la barre des 2 millions de décès… », « les cafés et restaurants fermés jusqu'à nouvel ordre » … La consommation compulsive des informations négatives à travers les réseaux sociaux, s’est grandement accentuée avec la crise sanitaire de la Covid-19.

Selon une étude menée en 2019 par Fast Company, en période de crise, notre cerveau a besoin de donner du sens à tout ce qui se passe autour de nous, raison pour laquelle, les gens se trouvent prédisposés à supporter la lecture de nouvelles déprimantes.

Cette "mauvaise habitude" est favorisée par les algorithmes des plateformes de réseautage social telles que Facebook, Twitter ou encore Instagram. Les socionautes doivent faire défiler le fil d’actualité le plus longtemps possible, et pour ce faire, les algorithmes les enferment dans des « bulles de filtres » qui suggèrent du contenu infini.

Effets délétères sur la santé mentale

Les professionnels de santé l’ont confirmé, le doomscrolling peut mettre en péril la santé mentale. Selon une étude menée par l’Université de Copenhague, 41% des personnes interrogées ont déclaré être "anxieuses, tristes et/ou déprimées" suite à l’infinite scroll via les réseaux sociaux. Cette consommation boulimique d’information peut nuire considérablement à la santé mentale. Le doomscrolling peut provoquer plusieurs troubles psychologiques. Cette habitude fâcheuse peut en effet susciter un sentiment de solitude, des crises d’angoisse, ou même une dépression.

Comment échapper au doomscrolling ?

Afin d’éviter de sombrer dans le doomscrolling, il est important d’activer le mode "off", autrement dit, il est nécessaire de s’accorder de temps en temps des moments de déconnexion. En effet, la solution miracle est d’apprendre à utiliser son smartphone de manière responsable.

Certains psychologues recommandent d’éteindre complètement son téléphone pendant quelques heures ou de fixer une durée limitée de l’usage des réseaux sociaux. Il existe également plusieurs techniques atypiques pour s’éloigner de son téléphone et donc lutter contre le doomscrolling, par exemple le fait de désactiver les notifications, de retirer les applications de son écran d’accueil, ou encore de faire basculer son écran en noir et blanc afin de rendre le design moins attractif.