Société
Santé: la Cour des comptes pointe du doigt le manque persistant de personnel
07/03/2023 - 13:12
Khaoula BenhaddouConscient de l’importance du secteur de la santé et ses ressources humaines qui représente un levier principal de son efficacité et son développement, le rapport de la Cour des comptes, publiée ce mardi 7 mars, met l'accent sur les disparités territoriales et les déséquilibres causés par le manque de personnel.
Certes, les données et les analyses du rapport ont démontré que le personnel soignant des secteurs public et privé a montré une légère évolution de la densité des agents de santé, au cours de la dernière décennie, en passant de 1,51 agents pour 1.000 habitants en 2011 à 1,64 en 2020 mais cette augmentation reste insuffisante pour plusieurs raisons.
Une baisse des médecins du secteur public
Cette légère amélioration de la couverture de la population est principalement due à l’augmentation de la densité des médecins, notamment celle des médecins du secteur privé. À l’inverse, une baisse de la densité des médecins du secteur public a été constatée.
De plus, l’évolution de la densité n’a pas profité de manière préétablies, sur la base du panier de soins des structures et selon leurs niveaux de référence, rend difficile de statuer de manière précise sur le niveau d’adéquation des effectifs disponibles des médecins, avec les besoins sanitaires des populations desservies et avec les besoins des structures sanitaires.
De plus, la répartition des cadres de santé entre réseaux de soins, entre milieux et entre établissements ne repose pas sur des critères objectifs. Il en résulte des disparités territoriales, des déséquilibres de couverture de la population ainsi que des inadéquations entre les structures de soins et les ressources humaines affectées. À cela s’ajoute l’utilisation non optimale des ressources humaines disponibles.
Le rapport souligne que bien que les effectifs aient globalement augmenté, les tendances vont vers une couverture peu efficace des besoins de la population et des structures de soins. Cela se manifeste, notamment, à travers le développement des spécialités non prioritaires, la baisse de la part de certaines spécialités prioritaires, ainsi qu’à travers une évolution de la répartition des ressources en défaveur des soins de proximité. De plus, les mécanismes de redistribution du personnel, susceptibles de rétablir les équilibres des ressources humaines, restent peu efficaces et accentuent même les disparités et les déséquilibres.
Une bonne couverture de la population: un objectif difficile à atteindre
Toujours le même rapport, le déficit en nombre du personnel de soins (médecins, infirmiers et techniciens de santé) devrait, sur le plan global, continuer à augmenter dans les années à venir. De plus, et par rapport aux prévisions des flux des diplômés, l’aboutissement à une bonne couverture de la population (4,45 agents de santé pour 1.000 habitants selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé) reste difficile à atteindre. Cela est conditionné, d’une part, par la capacité du système de formation à maintenir le rythme actuel des diplômés, et d’autre part, par la capacité de rétention des ressources humaines, notamment les médecins, dans le système national de santé.
Une baisse des effectifs
Au niveau du ministère de la Santé et de la protection sociale, le rythme actuel de recrutement des médecins et sa projection future comparés aux prévisions des départs définitifs, notamment liés à la retraite, indiquent une baisse continue des effectifs dans les années à venir. Par conséquent, si les
Pour ce qui est de la politique de planification des ressources humaines de santé, il convient de souligner que ces ressources ont connu, depuis des décennies, des problèmes structurels liés notamment au manque de personnel soignant, aux disparités dans leur répartition, ainsi qu’à la baisse de l’attractivité du secteur public et par conséquent la difficulté croissante à retenir les ressources humaines dans le système de santé national.
Ces contraintes majeures dépassent le cadre d’intervention du ministère chargé de la santé, et nécessitent l’implication des différents secteurs gouvernementaux concernés en matière de formation, de planification et de gestion des professionnels de la santé, ainsi que d’assurer la convergence de leurs actions. Ainsi, l’absence d’une véritable politique gouvernementale en matière de ressources humaines de santé et les actions stratégiques limitées du ministère dans ce domaine, conjuguées aux difficultés liées à la planification, ne font qu’accentuer les problèmes majeurs qui impactent négativement la disponibilité des ressources humaines.
Les recommandations
La Cour des comptes a recommandé de mettre en place une politique gouvernementale multisectorielle dédiée aux ressources humaines dans le secteur de la santé, en tenant compte des différents paramètres impactant leur disponibilité et en veillant au renforcement de l’attractivité de l’hôpital public.
La Cour a recommandé, également, à la tutelle de mettre en place des mesures efficaces en faveur du renforcement du corps des médecins généralistes, et de veiller au développement des spécialités prioritaires et leur répartition pour correspondre aux besoins réels de la population et aux spécificités des différents territoires du royaume.
De plus, la Cour a recommandé d’adopter une politique de recrutement et de mobilité du personnel soignant, dans l’objectif de compenser les départs prévisionnels, d’assurer une répartition équilibrée des ressources entre les régions et de corriger les disparités et les déséquilibres de façon continue.
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